La déclaration stupéfiante de Zuckerberg sur l’IA auto-améliorante de Meta

La déclaration stupéfiante de Zuckerberg sur l’IA auto-améliorante de Meta

« Notre pari, c’est que dans l’année à venir, probablement, je ne sais pas, peut-être la moitié du développement sera réalisé par l’IA plutôt que par des personnes, et cela ne fera qu’augmenter à partir de là. » Cette déclaration de Mark Zuckerberg lors d’une conversation avec Satya Nadella au Llamicon 2025 soulève des questions importantes sur l’avenir du développement logiciel et l’évolution de l’intelligence artificielle.

Lors de cette discussion entre les PDG de Meta et Microsoft, ils ont abordé de nombreux sujets, de l’open-source aux agents intelligents, en passant par la façon dont le codage va radicalement changer dans les 18 prochains mois. Examinons en détail les points les plus importants de cet échange révélateur.

L’IA transforme déjà le développement de code

Lorsqu’on lui a demandé quelle proportion du code chez Microsoft est actuellement écrite par l’IA, Satya Nadella a partagé des informations fascinantes :

« Nous suivons deux indicateurs. D’abord le taux d’acceptation, qui est d’environ 30-40% et qui augmente de façon constante. Cela dépend beaucoup du langage de programmation : nous avons encore beaucoup de code en C++, qui n’était pas très bien pris en charge par l’IA. C# est plutôt bon, mais pour Python, c’est fantastique. »

Cette différence s’explique par la nature des données d’entraînement. Python étant un langage open-source, avec des outils et des bibliothèques également open-source, les modèles d’IA ont accès à beaucoup plus d’exemples pour apprendre, contrairement au C++ qui utilise souvent des outils propriétaires.

Satya a précisé qu’environ « 20 à 30% du code dans certains de leurs projets est probablement entièrement écrit par des logiciels ». C’est déjà considérable, mais ce n’est que le début.

L’IA qui développe l’IA : l’amorce d’une explosion d’intelligence

Mark Zuckerberg a ensuite révélé l’objectif le plus ambitieux de Meta :

« Nous nous concentrons sur la construction d’un ingénieur en IA et en apprentissage automatique capable de faire progresser le développement de Llama lui-même. Notre pari est que dans l’année à venir, probablement, je ne sais pas, peut-être la moitié du développement sera réalisé par l’IA plutôt que par des personnes, et cela ne fera qu’augmenter à partir de là. »

Cette déclaration est peut-être l’élément le plus important de toute cette conversation. Meta développe une intelligence artificielle capable de faire de la recherche en IA et en apprentissage automatique. C’est précisément ce qu’on pourrait appeler une « explosion d’intelligence » : lorsque l’IA peut s’auto-améliorer, il ne s’agit plus que de déterminer combien d’agents nous pouvons consacrer à cette auto-amélioration, et la progression devient exponentielle par nature.

Satya Nadella semble plus prudent dans ses projections : « La question pour nous est de savoir si, dans l’année à venir, nous pourrons obtenir, par exemple, une optimisation du noyau [réalisée par l’IA]. Je pense que c’est plus probable que des changements d’architecture de modèle novateurs. Les optimisations, les améliorations de sécurité, ce type de choses semblent présenter des opportunités élevées. »

Repenser l’infrastructure pour un monde d’agents IA

Satya Nadella a souligné un point crucial : l’ensemble de l’infrastructure technologique doit être repensé pour un monde où les agents IA sont au premier plan :

« La façon dont les agents écriront du code, comment ils récupéreront des informations d’une base de données, comment ils navigueront sur le web, comment ils communiqueront entre eux, comment ils utiliseront des outils – toutes ces choses doivent être standardisées. »

Il a ajouté : « Nous devons repenser ce à quoi ressemble le monde du logiciel lorsque nous pensons d’abord à l’IA. Quelle forme devraient prendre [les agents] ? Comment devrait être leur infrastructure ? Comment devraient être leurs environnements sécurisés ? Beaucoup de ce que nous allons faire consiste essentiellement à faire évoluer même ce à quoi ressemble la structure d’un dépôt GitHub pour l’agent de développement logiciel. »

Zuckerberg a renchéri en imaginant l’avenir du développement : « J’ai tendance à penser que chaque ingénieur va finir par devenir plus une sorte de chef technique dans le futur, avec sa propre petite armée d’agents d’ingénierie avec lesquels il travaille. »

L’avenir des développeurs à l’ère de l’IA

Une question fondamentale se pose : comment les nouveaux développeurs devraient-ils envisager leur carrière à l’ère de l’IA ?

Satya Nadella a évoqué la dissolution des frontières traditionnelles entre les applications : « Maintenant, si vous utilisez Meta, ChatGPT, Copilot ou autre, il n’est pas clair pour moi quelle est la différence entre une session de chat, un document et une application. Cette idée que vous pouvez commencer avec une intention de haut niveau et finir avec un artefact vivant que vous auriez appelé dans le passé une application va avoir des implications profondes sur les flux de travail. »

Cette réflexion suggère une nouvelle architecture pour l’avenir : une base de données contenant les données de référence, une couche d’agents IA, et l’humain au sommet orchestrant le tout. Dans ce modèle, l’agent fait tout le reste : il écrit tout le logiciel, récupère toutes les données nécessaires pour accomplir la tâche qui lui est assignée. À ce stade, les applications traditionnelles pourraient même disparaître.

L’impact économique de l’IA et la nécessité d’une croissance

Satya Nadella a souligné l’importance cruciale de l’IA pour l’économie mondiale :

« Pour nous, c’est une priorité assez existentielle. Le monde a besoin d’un nouveau facteur de production, d’un nouvel intrant qui nous permette de faire face à de nombreux défis. La meilleure façon d’y penser est : que faudrait-il pour que le monde développé croisse à 10% ? Ce qui aurait pu être certains des chiffres de pointe pendant la révolution industrielle. Pour que cela se produise, il faut des gains de productivité dans chaque fonction : dans les soins de santé, dans le commerce de détail, dans le travail du savoir en général, dans n’importe quelle industrie. »

Il a ajouté que l’IA a le potentiel de réaliser cette promesse, mais qu’elle doit apporter un véritable changement de productivité, ce qui nécessite à la fois des logiciels et un changement de gestion : « Les gens citent toujours ce qui s’est passé avec l’électricité : elle était là pendant 50 ans avant que les gens ne comprennent qu’il fallait vraiment changer les usines pour utiliser l’électricité différemment. »

Repenser l’infrastructure technologique de fond en comble

Selon Satya Nadella, chaque transition technologique majeure entraîne une remise en question complète de l’infrastructure :

« À chaque fois qu’il y a cette transition, toute la pile technologique est remise en question. On revient aux principes fondamentaux et on recommence à construire. La forme de l’infrastructure cloud que j’ai construite à partir de 2007-2008, le système de stockage principal pour l’entraînement ne ressemble pas au système de stockage principal que vous avez construit. Cette charge de travail d’entraînement parallèle de données synchrones est si différente de Hadoop par exemple. »

C’est précisément ce qui rend cette nouvelle vague d’innovation si passionnante : nous avons l’opportunité de réimaginer à quoi ressemble l’infrastructure de tout grâce à l’intelligence artificielle.

Le paradoxe de Jevons et l’explosion de la consommation d’IA

Satya Nadella a évoqué un phénomène économique important, le paradoxe de Jevons : lorsqu’une ressource devient moins chère et plus efficace, la consommation totale de cette ressource augmente au lieu de diminuer.

« Si vous prenez juste le fait que les puces s’améliorent, les cycles de développement sont devenus plus rapides. C’est ce qu’on pourrait appeler la loi de Moore. Mais en plus de cela, il y a les optimisations au niveau de la flotte, du logiciel système, des architectures de modèles, des noyaux pour l’inférence, du serveur d’applications, et même la mise en cache des prompts. Si on additionne tout cela, tous les 6 à 12 mois, on a peut-être une amélioration de 10x. Donc, quand vous avez une amélioration des capacités à ce rythme et que les prix baissent à ce rythme, fondamentalement, la consommation augmente. »

Les applications multi-modèles : l’avenir de l’IA

Satya Nadella a souligné l’importance croissante des applications multi-modèles :

« La première génération d’applications était très couplée à un seul modèle, mais nous arrivons enfin à des applications multi-modèles où je peux orchestrer un flux de travail déterministe, un agent d’application construit sur un modèle parlant à un autre agent. Nous avons même ces protocoles qui sont utiles, qu’il s’agisse de MCP ou d’A2N, ce sont toutes de bonnes choses si nous pouvons standardiser un peu, et ensuite nous pouvons construire des applications qui tirent parti de ces capacités tout en ayant de la flexibilité. »

Cette vision implique des cadres agentiques où plusieurs agents peuvent être coordonnés ensemble, chacun étant alimenté par des modèles de langage différents, potentiellement de fournisseurs différents.

L’explosion du code généré par l’IA

Un chiffre stupéfiant a été mentionné : Cursor, un outil de codage IA, écrit presque 1 milliard de lignes de code acceptées par jour. Pour mettre cela en perspective, le monde entier ne produit que quelques milliards de lignes par jour. Cursor représente donc déjà un pourcentage substantiel de tout le code écrit.

Cette tendance annonce une explosion absolue de la quantité de code écrit chaque jour, mais plus important encore, une explosion du nombre de personnes capables d’écrire du code. Grâce à des outils comme le codage par vibration, la possibilité de décrire en langage naturel ce que l’on souhaite construire et de le voir se matérialiser, nous pourrions passer de quelques millions de développeurs dans le monde à des milliards de personnes capables d’écrire n’importe quel programme qu’elles souhaitent.

Conclusion : à l’aube d’une révolution

La conversation entre Mark Zuckerberg et Satya Nadella nous offre un aperçu fascinant de l’avenir du développement logiciel et de l’intelligence artificielle. Nous sommes à l’aube d’une révolution où l’IA ne se contente pas d’assister les développeurs, mais devient elle-même développeur, capable de s’auto-améliorer et de générer une explosion d’intelligence.

Les implications sont profondes : repenser l’infrastructure technologique, redéfinir le rôle des développeurs, transformer les applications telles que nous les connaissons, et potentiellement résoudre certains des défis les plus pressants de notre époque. Comme l’a souligné Satya Nadella, il s’agit d’une « priorité existentielle » pour notre monde.

Alors que nous naviguons dans cette transition, une chose est claire : nous ne faisons que commencer à explorer ce qui est possible lorsque l’IA devient le moteur central de notre infrastructure technologique.

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